Malgré l’engagement de 52 pays africains à autoriser l’avortement dans certains cas, Madagascar demeure en contradiction avec le Protocole de Maputo. Ce texte, signé en 2003, stipule que l’avortement doit être permis en cas de grossesse issue d’une agression sexuelle, d’un viol ou d’un inceste. Toutefois, le Code pénal malgache reste rigide, punissant sévèrement les femmes qui recourent à l’avortement ainsi que les praticiens.
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L’histoire de Kanto, une adolescente de 16 ans, illustre tragiquement les conséquences de cette législation. En 2021, à seulement 14 ans, elle a été violée par un proche, un acte qui a mené à une grossesse non désirée. Faute de pouvoir avorter, elle a dû abandonner ses études pour s’occuper de l’enfant issu de ce drame. Aujourd’hui, elle vit dans un village rural, luttant pour subvenir aux besoins de son fils, avec l’aide de ses parents.
Le viol, tout comme l’avortement, reste tabou à Madagascar, un pays où les croyances culturelles et religieuses freinent tout débat sur ces sujets. Les femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse n’ont d’autre choix que de se tourner vers des méthodes clandestines, souvent risquées et dangereuses.
Face à cette situation, des organisations comme l’ONG Nifin’Akanga militent pour le droit à un avortement sécurisé. Le 28 septembre 2024, elles ont organisé des discussions dans plusieurs villes malgaches, visant à sensibiliser l’opinion publique sur les réalités et les dangers des pratiques clandestines. Leur but : rappeler que l’avortement, au-delà de toute controverse, est avant tout une question de santé publique.
L’urgence de réformer la législation se fait de plus en plus pressante, alors que des vies continuent de se briser, faute de protection juridique et de soutien médical adéquat.